Panne d'électricité.

Ca commençait bien. Vraiment très bien, plus que très bien. A peine qu'il lui avait semblé mettre un pied à l'extérieur de se chambre dans le but de se rendre à cette foutue visite médicale, qu'il s'était perdu. Oui, il car la narration est au masculin : petit récapitulatif : la belle au bois dormant a été frappée par une table et s'est rendormie. A sa place, un simple garçon qui prétendait ne se souvenir de rien à part de ce qui s'était passé il y avait une dizaine d'années. Déboussollé. Oui, vraiment. Avoué que vous-aussi, si l'on vous faisait sauter toutes ses années, vous seriez sacrément perturbé. Dai essayait alors tout simplement de s'habituer, à sa manière, et diable que ce n'était pas facile. Déjà que le jeune garçon était timide, s'il fallait en plus ce problème-là avec la questio de son intégration, ce n'était pas gagné.

Le couloir était long. Mais où était donc cette foutue visite médicale ? Il avait beau chercher une pièce appelée 'infirmerie', il n'en trouvait point. Et, de plus, personne pour le renseigner, autour de lui. A croire que le pensionnat était désert ou que tout le monde s'était mis à l'éviter de peur d'attraper la peste noire. Le jeune garçon s'arrête. Souffla, commença à paniquer. Et s'il arrivait en retard ? Et si il commençait déjà se faire remarquer, à peine arrivé ici ? Déjà, on lui avait raconté ce qu'avait fait son double, il ne voulait pas que sa situation s'aggrave encore plus.


Les lumières s'éteingèrent brusquement. Oh non, déjà la nuit ? Ce n'était pas vrai ? Il avait peur du noir, c'était dans le noir que Dai la fille était apparue ! Il ne voulait pas que cela se reproduise. Affolé, il commença à tourner en rond très vite et faire de grands mouvements avec ses mains. C'était le noir total. Il ne savait même plus oùil était, maintenant. On allait le gronder, l'engueuler, ça se trouve même, le coller sur un poteau pour arrivée en retard ! Mais pourquoi donc ne lui avait-on pas fourni un plan détaillé de l'école lorsqu'on l'avait collé dans sa chambre ? Il devait se faire examiné, lui ! Il fallait que la lumière revienne !

Boum. Ce fut un choc. Il percuta brusquement quelque chose de grand, mou. Un humain ? Il avait fait du mal à quelqu'un ? Un adulte, un surveillant voire un élève tout simplement grand ? Dai essaya de reculer mais dans son cauchemar, il fit une nouvelle fois un autre pas en avant et lui rentra tout simplement dedans.

" Excusez-moi, excusez-moi ! "

Et la lumière fut. C'était bien un humain. Un prof peut-être. Même si son visage lui disait quelque chose, il ne pensait pas l'avoir déjà rencontré.

" Vous, vous savez où est l'infirmerie ? "

Hein ? Ce mec a l'air de le connaître ? Ok, il lui dit aussi quelque chose, mais pas au point de connaître son nom...Dai se creusa la tête, tout en ne cessant de ce demander pourquoi donc cet énergumène l'avait appelé Shiragi. Il avait le pouvoir de lire le nom des gens au dessus de leur tête ? Non...Il ressemblait à un prof et Dai avait cru apprendre que ceux-ci n'avaient guère de pouvoirs étranges... Seule solution donc : il avait dû la connaître avant qu'il n'ait perdu la mémoire. Le noir pour lui, l'espèce de 'fille travestie' qui l'avait remplacé. Dai sentit les larmes lui monter aux yeux. Il ne voulait pas se souvenir de cette période-là, où il était enfermé dans ce noir infâme, où résonnait le rire de cette fille. Il ne voulait pas que Lineos ne le juge par rapport à elle, surtout qu'elle pouvait se réveiller à n'importe quel moment.

" Euh oui ! Sur la tête ! Désolé ! Je ne me souviens plus de ce qu'a fait l'autre, excusez-moi ! "

Mais c'est qu'il devait paraître sinistrement agaçant, avec tous ses "Excusez-moi" et ses " Désolé". Dai devenait de plus en plus rouge. Se tordant les doigts, il vit que le regard de Lineos avait dévié sur plusieurs parties de son corps, notamment sa poitrine, ses cheveux. Oui, confirmation, il le connaissait bien lorsqu'il n'était pas lui-même. Dai soupira. Il avait certainement fait du mal à cet être étrange, aussi. A croire que le parasite qui l'avait infesté durant toutes ces longues années haïssaient vraiment le monde...

* Laisse-moi la place, connard ! J'ai un compte à régler ! *

Les yeux de Dai s'écarquillèrent de peur. ELLE s'était réveillé. Non, il ne voulait plus vivre cela, plus du tout. Il voulait juste être lui-même et arriver à protéger son entourage. Pas comme pour ses parents. Dai avait peur, peur, une peur qui venait peu à peu paralyser ses entrailles. Il ne voulait pas de cette ombre, il voulait juste vivre, lui ! Son bras échappa soudain à son contrôle et alla gifler Lineos.


Non. Non. Il était toujours bien là. A genoux, à terre, à bout de souffle. Son bras était parcouru de picotements. Du noir, du noir le parcourait comme s'il empêchait une puissance mystérieuse de s'en échapper. Essouflé, il était essouflé. Comment allait le voir cet homme maintenant ? Comment ? Il devait aller à son rendez-vous. Peut-être l'infirmière ou l'infirmier aurait-il une solution pour lui, pour se débarrasser de cet infâme parasite. Il voulait juste vivre.

" Excusez-moi ! Excusez-moi ! Je...c'était pas moi ! C'était elle ! Je dois aller à l'infirmerie ! "